Les émotions sont une évidence dans notre vie et dans notre corps. Elles s’imposent d’elles-mêmes, que nous soyons d’accord ou non pour les ressentir. Nous n’avons que de peu de prise sur leur apparition mais nous pouvons agir sur l’impact de leur manifestation. Et si identifier ses émotions permettait de mieux les gérer?
C’est quoi une émotion ?
Nous ressentons tous des émotions, agréables ou désagréables, mais leur intensité ainsi que leur expression restent propres à chacun. Nous ne pouvons pas supprimer l’apparition d’une émotion
Pour David Le Breton (anthropologue et sociologue)« une émotion se définit comme une réaction psychologique et physique plus ou moins vive à une situation sociale ou un événement donné par un individu dans un contexte particulier »
Face à ce stimulus, nous manifestons nos émotions que nous le voulions ou non. Ainsi, elles peuvent s’exprimer à travers les expressions de notre visage, nos postures, nos manifestations physiques ou physiologiques.
Paul Eckmann (psychologue) a dénombré 6 émotions fondamentales : la joie, la colère, la peur, la tristesse, la surprise, le dégoût. Pour lui, comme une palette de couleur, elles servent de base à l’élaboration d’autres émotions dites secondaires.
Nos émotions sont toutes utiles. Elles ont leur raison d’être, leurs fonctions. De ce fait, dans l’absolu, nos émotions ne sont ni positives ni négatives mais je vous propose plutôt de parler d’émotions « agréables » ou « désagréables ».
Pourquoi identifier nos émotions pour mieux les gérer?
Nos émotions sont notre boussole intérieure
Au même titre que nos cinq sens, elles participent à l’interprétation de ce que nous vivons. Pour certains auteurs, une personne sans affects sera dans l’incapacité d’appréhender le monde.
Lorsqu’une situation nous pèse, nous ressentons une gêne, une « irritation » Nous pouvons soit l’écouter, soit la faire taire.
Le risque est alors que le corps exprime son désaccord en passant par d’autres moyens comme parfois la maladie ou les douleurs somatiques.
« Tout ce qui ne s’exprime pas, s’imprime »
Nos émotions sont une invitation à l’action et å la création
Écouter nos émotions peut nous permettre d‘évaluer une situation ou un événement particulier et d’ajuster notre comportement pour nous y adapter ou y répondre.
Par exemple, la peur est une émotion d’anticipation et augmente notre niveau de vigilance. Selon notre perception de la situation, la peur peut être stimulante (préparer un dossier pour une réunion importante, acquérir des compétences pour réaliser une nouvelle mission) ou à l’inverse être paralysante
Nos émotions sont facilitatrices de nos relations aux autres
Nos émotions sont un langage et une porte d’entrée vers la compréhension, puis la résolution des problèmes.
Dans la vie professionnelle, les relations se fondent sur un travail collaboratif. Notre capacité à nouer des relations fortes et durables est aussi liée à notre gestion des émotions.
Un processus pour identifier nos émotions et mieux les gérer
Pour apprendre à mieux gérer l’impact de nos émotions, le processus que je vous propose consiste à prendre le temps de s’arrêter sur nos émotions, les identifier en les ressentant et en les reconnaissant.
C’est devenir expert de notre réalité intérieure.
« Nous sommes tous des analphabètes des émotions. Nous ne savons ni les lire, ni les écrire »
Claude STEINER Tweet
1. Ressentir sans interpréter
Revenir au corps constitue donc le premier levier d’accueil de nos émotions.
S’ouvrir à nos émotions ne signifie pas les amplifier, simplement accepter leur présence et traiter le message qu’elle nous apporte.
Pour cela, identifier à quel endroit notre corps nous parle, qualifier les sensations agréables ou désagréables que notre corps abrite.
L’écoute de soi, de notre parole interne n’est pas passive. C’est accepter de se mettre en pause, nous qui sommes tellement absorbés par nos tâches quotidiennes, pour observer ce qui se passe en nous
Concrètement notre émotion désagréable se ressent comme une contraction au niveau de l’estomac, une raideur des cervicales, un serrement de la gorge…
Et notre émotion agréable se ressent comme une décontraction des épaules, une décrispation des mâchoires, un sourire léger sur des lèvres…
2. Mettre des mots sur ses sensations
Chacun a sa propre cartographie émotionnelle. Mais plus notre lexique émotionnel est riche, plus nous sommes capables de différencier les émotions ressenties afin de prendre en compte son message et les besoins spécifiques.
Pour enrichir notre dictionnaire personnel, je vous propose une liste de sentiments que nous pouvons éprouver lorsque nos besoins ne sont pas satisfaits (cette même liste existe lorsque nos besoins sont satisfaits).
Ce document a été créé en s’inspirant du processus de la CNV (communication non violente) qui distingue les sentiments vrais des sentiments comprenant une interprétation et qui considère que nos émotions révèlent nos besoins.
3. Se désidentifier de nos émotions
Lorsqu’il n’est plus occulté, le ressenti sera une précieuse source d’informations car il va nous renseigner sur la nature de notre émotion mais aussi sur son intensité, sur son caractère plus ou moins familier.
Progressivement, cela nous amène à constater le caractère mécanique du fonctionnement de nos émotions au quotidien mais aussi à une meilleure conscience de soi.
Se désidentifier, c’est considérer qu’en présence d’un sentiment d’anxiété, je choisis de ne plus le vivre comme « je suis anxieuse en ce moment » mais le percevoir comme « en ce moment, il y a de l’anxiété en moi ».
En créant, une distinction entre « moi » et l’émotion, je me dégage de nouvelles marges de manœuvre.
Je cesse de confondre « ce que je vis » avec « ce que je suis». Je développe alors une capacité d’agir sur la manière dont je reçois mon émotion.
« La seule chose au monde que vous puissiez maîtriser est ce que vous pensez et ce que vous ressentez au moment présent, mais cela suffit car il n’est rien d’autre que vous ayez besoin de maîtriser sur cette terre »
James Ward NEWMAN Tweet
Mes questions de coach :
- Où et comment ressentez-vous votre émotion ?
- Comment la nommez-vous ?
- Si cette émotion est là pour vous alerter, quels messages vous adresse-telle ?
- Si vous ne disposez pas du pouvoir de changer la situation, quelle qualité disposez-vous qui serait susceptible de vous aider ?
- Sur quelles forces pouvez-vous vous appuyer pour changer votre perception ?
Pour aller plus loin :
Dans le cadre des 15 compétences de l’intelligence émotionnelle, identifier vos émotions est en lien avec « la conscience de soi émotionnelle ».
La conscience de la façon dont vos émotions affectent ce que ce que vous êtes en train de faire est la compétence émotionnelle fondamentale.
C’est certes votre capacité à identifier vos émotions mais aussi à les accepter. C’est également la capacité à comprendre la cause et à mesurer l’impact de vos émotions sur vous et sur autrui.
Pour équilibrer cette compétence émotionnelle, l’EQ-i 2.0 s’appuie sur votre sens de la réalité, votre expression émotionnelle et votre tolérance au stress, en vous permettant de découvrir laquelle de ces compétences est la plus forte chez vous.
Votre conscience de soi émotionnelle ne peut être améliorée du jour au lendemain parce que votre cerveau émotionnel a besoin de semaines voire de mois pour modifier ses habitudes.
Ce qui a été appris avec des efforts et du temps peut être désappris pour être remplacé par une habitude plus efficace.
Dans le kaizen ou progrès continu on commence par se fixer des objectifs d’une difficulté modérée. Puis on augmente graduellement les difficultés. Un changement accompli par étapes progressives vous donne le sentiment de progresser continûment vers votre objectif.
Se fixer des objectifs cela signifie aussi échelonner les étapes nécessaires pour les atteindre.
Quelle première étape, qui ne dépend que de vous, pourriez-vous mettre en place ?